Le changement, c'est sa vie!
Annick Lartigue, 57 ans, est à la tête de la Laiterie de Verneuil (Indre-et-Loire) depuis un an, après avoir participé à remettre sur pied plusieurs entreprises privées.
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« Je n'ai jamais eu de plan de carrière. Quand je m'ennuie, je pars ! » Voilà la ligne de conduite d'Annick Lartigue, la nouvelle directrice de la coopérative de Verneuil en Indre-et-Loire. Depuis trente-cinq ans, elle navigue au sein de différentes entreprises. A la façon d'une consultante, elle n'a qu'un objectif : mener à bien la mission pour laquelle elle a été embauchée. Elle connaît le secteur coopératif pour y avoir occupé son premier poste, après son diplôme d'Ecole supérieure de commerce en 1981. Elle travaillait à l'époque au service financier au sein de la coopérative laitière Centre lait, située à Aurillac. Mais au bout de trois ans, elle a complètement changé de secteur d'activités. Direction Valéo Allumage, un équipementier automobile en pleine restructuration. Pas simple d'être une femme dans l'industrie. « Dans les années quatre-vingt, sur un total de 40 cadres, j'étais la seule femme. Au début j'en ai bavé ! Mais rapidement, j'ai développé des mécanismes de défense et ça s'est bien passé. »
Une soif d'apprendre
Puis, la jeune cadre dynamique déménage en Indre-et-Loire et multiplie les expériences. En dix ans, elle travaille dans une demi-douzaine d'entreprises comme Eurofab (filiale de L'Oréal - produits d'hygiène), Algoflash (production d'engrais), Sati (éditique sécuritaire), Burner System International. En 2003, Annick Lartigue rejoint Corolle, groupe Mattel. Si ces entreprises exercent dans des domaines très différents, elles ont toutes un point commun : elles sont en pleine transition. « J'aime les challenges comme retrouver de la rentabilité, mettre en pratique de nouvelles méthodes de travail, former les équipes. Mais ce qui m'intéresse le plus, c'est apprendre. Tant qu'il y a des projets, je reste ! » Au bout de douze ans dans les poupées, Annick quitte le groupe Mattel. En juin 2015, elle entend parler, par hasard, d'un poste à la Laiterie de Verneuil, après le décès accidentel du directeur. « J'habite tout près et des amis m'en ont informé. Mon compagnon, qui travaille dans une coopérative, m'a dit en plaisantant : "Je postule", je lui ai répondu, "Non, c'est moi !" Et en septembre 2015, je commençais. A 56 ans, je m'attendais à galérer pour trouver du travail, mais en trois mois, j'avais trouvé trois postes. Comme quoi, l'âge n'est pas un handicap. » En pleine crise du lait, Annick Lartigue prend donc les rênes d'une coopérative de 130 salariés et 300 producteurs. Sa feuille de route est claire : maintenir le tissu d'éleveurs caprins et bovins, l'emploi local et garder l'indépendance de la laiterie. Elle applique les méthodes classiques avec trois grands chantiers : organisation industrielle, portefeuille clients et portefeuille produits. Elle développe, entre autres, les marques régionales comme le lait « Délices de Touraine ». « La clé de la réussite d'une coopérative est l'échange entre adhérents et salariés. Les éleveurs et les éleveuses doivent posséder toutes les informations pour prendre les bonnes décisions, tout particulièrement sur le prix du lait. Même si pour eux, qui sont à la fois fournisseur et actionnaire, c'est un exercice d'équilibriste ! » Annick attache également de l'importance à l'éthique du business et au respect des personnes. « Chaque salarié a un rôle important. Au départ, je leur ai demandé leur avis, on a fixé les objectifs... et ils ont fait des trucs de fou ! C'est incroyable comme les personnes peuvent grandir quand on leur fait confiance », remarque Annick qui n'a pas l'air de s'ennuyer à son nouveau poste.
Aude Richard
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